Prévention opérationnelle

Soldats du feu
véhicules de pompiers

Par Sébastien Frémont, chef de groupement prévention des sapeurs-pompiers des Yvelines

Colonnes sèches dans les bâtiments d’habitation. Gagner du temps pour sauver des vies !

 

Lorsque des vies sont en jeu, l’efficacité et la rapidité des actions entreprises sont des facteurs déterminants. Pour faire gagner du temps aux sapeurs-pompiers, la réglementation impose la présence de colonnes sèches dans certains bâtiments d’habitation. Encore faut-il qu’elles soient en état de fonctionner…

À l’exception des bâtiments d’habitation de la 2e famille collective qui comportent au plus trois étages au-dessus du rez-de-chaussée, ou encore ceux de la 3e famille A qui peuvent compter jusqu’à sept étages de logements et dont l’une des façades principales est desservie par une voie-échelles, les autres immeubles d’habitation, c’est-à-dire ceux de la 3e famille B (dont le plancher bas du logement le plus haut est situé à 28 mètres au plus au-dessus du sol utilement accessible aux engins des services de secours) et de la 4e famille (plancher bas du niveau le plus haut situé à 50 mètres au plus au-dessus du sol), doivent comporter une colonne sèche de 65 mm par escalier. Cette colonne sèche doit être munie d’une prise de 40 mm par niveau ou d’une prise double de 40 mm dans le cas de niveau desservant des logements en duplex, voire en triplex. Lorsqu’elles sont réglementairement exigibles, une colonne sèche est obligatoire dans chaque cage d’escalier. De plus, il est également très important de garder à l’esprit que les colonnes sèches destinées aux sous-sols, lorsqu’elles existent, doivent être totalement indépendantes de celles qui desservent les étages.

Mesures d’éloignement

Dans tous les cas, le raccord d’alimentation de la colonne sèche doit être situé à 60 mètres au plus d’un point d’eau incendie normalisé, situé le long d’une voie accessible aux engins des sapeurs-pompiers. Certains services d’incendie et de secours, comme dans les Yvelines ou en Ille-et-Vilaine, imposent des conditions d’implantation encore plus précises, telles qu’une distance maximale de 3 mètres entre le raccord d’alimentation et l’entrée de l’immeuble, le raccord devant se trouver à une hauteur d’accès comprise entre 0,80 et 1,50 mètre, avec une inclinaison vers le sol de 45°.

La distance maximale de 60 mètres entre le raccord d’alimentation de la colonne montante et le point d’eau incendie le plus proche ne doit pas être confondue avec la distance à parcourir entre les accès aux escaliers protégés des bâtiments d’habitation des 3e famille B et 4e famille. Cette dernière distance doit être au plus égale à 50 mètres depuis une voie ouverte à la circulation répondant aux caractéristiques d’une voie-engins. Dit autrement, la distance de 60 mètres au plus entre le raccord d’une colonne sèche et l’hydrant le plus proche inclut les 50 mètres à parcourir au maximum entre la voie-engins et l’accès à l’escalier de l’immeuble. Quant aux bâtiments d’habitation de la 2e famille collective, la distance maximale à parcourir n’étant pas réglementairement fixée, cette dernière fait généralement l’objet de mesures locales imposées dans le cadre d’une doctrine départementale. Il est cependant communément admis qu’en ce qui concerne les bâtiments de la 2e famille collective, l’accès au hall d’entrée ne doit pas se trouver à plus de 80 mètres d’une voie-engins.

Ceci étant, dans le cas des immeubles de la 2e famille, il peut arriver que des dérogations aux mesures d’éloignement puissent être acceptées, dès lors qu’elles sont compensées, par exemple en ayant recours à l’installation d’une colonne sèche, et ce même si les dispositions réglementaires ne l’imposent pas. Dans ce cas, il est alors possible de trouver un bâtiment d’habitation de la 2e famille collective situé à plus de 80 mètres de la voie-engins la plus proche, s’il fait l’objet d’une mesure compensatoire par la mise à disposition d’une colonne sèche, alors même qu’elle n’est pas réglementairement requise en temps normal pour un tel immeuble. Mais dans ce cas, la colonne sèche installée doit l’être dans le strict respect des dispositions réglementaires, y compris par conséquent la distance maximale d’éloignement de 60 mètres avec l’hydrant le plus proche. Une fois de plus, on le voit donc à travers cet exemple, rien ne saura remplacer les reconnaissances de secteur par les primo-intervenants afin d’acquérir une bonne connaissance du parc immobilier de la zone à défendre. Reconnaître les résidences, identifier les bâtiments équipés de colonnes sèches et leurs emplacements sont des actions capitales dans le cadre de la préparation opérationnelle de l’équipe de garde, qui vise le moment venu à gagner du temps et donc à sauvegarder des vies.

Contrôle

Toutefois, malgré la présence d’une colonne sèche et l’existence de règles précises quant à son implantation, attention à ce que cet équipement ne concoure pas à faire basculer l’immeuble dans une situation que l’on pourrait qualifier de « fausse sécurité ». Seul un entretien régulier et soigneux des colonnes sèches peut en effet garantir qu’elles soient complètement étanches, préservées des effets de la corrosion et en parfait état de fonctionnement en situation d’urgence ! C’est la raison pour laquelle le règlement de sécurité des bâtiments d’habitation impose qu’elles soient vérifiées au moins une fois par an. Mais on le sait, la maintenance des organes de sécurité installés dans les parties communes des bâtiments d’habitation est vulnérable, rarement rigoureuse, voire souvent défaillante ! En plus de cela, entre le vandalisme et la négligence, les raisons ne manquent pas pour justifier d’une dégradation malheureusement courante lorsqu’elle ne conduit pas à une banalisation tout aussi regrettable que dangereuse ! C’est pour toutes ces raisons qu’avant de se servir d’une colonne sèche, les sapeurs-pompiers doivent, pendant qu’ils montent dans les étages, vérifier minutieusement que les bouchons des demi-raccords de refoulement sont bien présents et vissés à chaque niveau, et ce au moins jusqu’au palier immédiatement au-dessous du niveau sinistré.

En matière de colonne sèche comme dans d’autres domaines, la confiance n’exclut pas le contrôle, surtout lorsque des vies peuvent dépendre de leur bon fonctionnement !

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