Je n’arrête pas de le dire, je n’arrête pas de l’écrire, il n’y a plus de saisons. Avec des campagnes feux de forêt qui commencent tôt et se terminent tard, et qui bientôt seront récurrentes sur les douze mois de l’année ça, nous le savons. Les phénomènes météorologiques qui engendrent de véritables crises de sécurité civile sont hélas monnaie courante dans l’Hexagone, mais pas que.
Ces crises génèrent une nouvelle réponse opérationnelle de la part des services d’incendie et de secours avec, ce que j’ai envie de nommer, des migrations saisonnières. En effet, depuis la naissance du projet Vulcain, des colonnes extra-départementales ont migré chaque été, du nord vers le sud du pays, pour venir combattre des feux de forêt de plus en plus tragiques, avec une période forte à l’aune des années 2000. Nos collègues du Pas-de-Calais, à qui je tiens à exprimer ici un hommage soutenu pour leur courage et leur abnégation, ont durant plus d’un mois affronté la colère de Zeus et d’Éole réunis, mettant le département à terre.
Fort heureusement, des groupes, des colonnes et même de petits détachements spécialisés sont venus de la France entière pour leur prêter main forte, qu’ils soient d’ailleurs civils ou militaires. Et c’est heureux. On le comprend donc aisément, les CCF qui d’habitude empruntaient l’A7 pour descendre dans le Sud remontaient cette fois-ci l’A1… pour aller dans le Nord. Et au-delà de cet élan de solidarité nationale, coordonné par le Cogic et nos états-majors de zones, il s’agit bien là de temporalité, et donc de saisonnalité.
Pour reprendre un adage qui m’est cher, la nature fait bien les choses. Des feux l’été, des inondations l’hiver… Même si vous en convenez, le mot « bien » est peut-être impropre quand on sait que des gens ont perdu leurs maisons, leurs exploitations agricoles et industrielles. Ce « bien », voyez-le plutôt par l’autre bout de la lorgnette. Celui de la force des secours. Cette force qui est capable de mobiliser en une nuit des dizaines de pompiers et de véhicules. Une force qui, pour le moment, répond présente car tous ne subissent pas les mêmes événements au même moment. Pour l’instant…
D’où cette saisonnalité. Et donc passez-moi l’expression, ces migrations saisonnières, qui de janvier à décembre et du nord au sud permettent d’enrayer ces événements climatiques, sont une nouvelle façon de concevoir les crises de sécurité civile du 21e siècle.
Enfin, chers tous, comme il est de coutume, permettez-moi de vous souhaiter une très bonne année 2024, prenez soin de vous et des vôtres, lisez SOLDATS DU FEU magazine/Sapeurs-Pompiers de France et #PensezAutrement.