Solidarité… nationale

Soldats du feu
Carlo ZAGLIA

Chers collègues, amis lecteurs, avant de pouvoir retrouver certains d’entre vous « pour de vrai » dans quelques jours à notre grand congrès à Nancy, sur le stand de SOLDATS DU FEU magazine / Sapeurs-Pompiers de France, je tenais à vous faire partager mon point de vue, qui, je vous le dis tout de go, va déplaire à certains. J’aimerais que l’on revienne, le temps de cet édito, sur les images qui ont déferlé sur nos écrans, courts, longs, carrés, portables, fixes… La saison a été dantesque et ce n’est pas ceux qui étaient en première ligne sur les feux de forêt qui me contrediront. Cette saison en enfer, ne nous leurrons pas, ne sont que les prémices de ce qui nous attend. Ce fut terrible et je ne vous ferai pas l’affront de remettre ici les chiffres des Hommes et des moyens engagés. Pour ça, vous n’avez qu’à lire jusqu’au bout le journal que vous tenez entre les mains. Allez, je vais quand même vous en citer un, de chiffre. C’est 60.

Soixante, c’est le nombre de départements qui sont venus en renfort cet été chez nos collègues girondins. Du jamais vu. Nous sommes ici à la limite de l’entendable.

Il y a bien sûr deux lectures à ce chiffre. La première, et c’est la plus noble, confère à ce nombre pyramidal heptagonal la réalité de notre solidarité nationale, où quoiqu’il en coûte, nous viendrons en aide à nos voisins. Et tous, ou presque, sont venus suer sang et eau au pied de ces pins maritimes, sources de revenus pour bon nombre de propriétaires et d’artisans de la région. Inutile de vous préciser que la valeur du sauvé justifie largement l’engagement massif de ces moyens. Et pendant ce temps, ça brûlait dans les Bouches-du-Rhône, dans l’Aude, dans le Maine-et-Loire, dans la Sarthe, en Bretagne… Tout ça en continuant d’assumer une pression sur le Suap avec des urgences qui ne suivent plus. Partout, cela a tenu bon. La solidarité nationale, l’entraide entre SIS, ça marche. C’est une réalité dans nos territoires, c’est l’ADN de la corporation des pompiers de France.

Il y a aussi, je vous le disais en préambule de ma prose, une deuxième lecture à ce nombre unitairement parfait. Il aura fallu une partie non négligeable de moyens humains et matériels de soixante départements pour faire face aux incendies en Gironde… Loin de moi l’idée de vous imposer mon point de vue, j’ai une simple question que je pose ici. Comment aurions-nous fait si nous avions été confrontés à deux, voire trois, feux de cette ampleur au même moment, en France, voire en Europe ? Question de chance ? La chance paraît-il, peut tourner parfois… Préparez-vous, ce n’est que le début. Cet été n’est sans doute qu’un triste et sombre préambule. Une certitude, dès lors : la limite capacitaire est atteinte. La limite de nos propres ressources est atteinte. Désormais, nul ne peut encore affirmer « qu’il ne savait pas » !

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