Le titre de mon éditorial de ce mois-ci, vous l’aurez compris amis lecteurs, n’est pas une question. C’est le titre d’un film de René Clément sorti en 1966, avec entre autres, nos monstres sacrés, Bebel et Delon alors qu’il n’était pas encore Delon. Paris brûla en cette période troublée, c’était en 44, et Paris a (re)brûlé le 15 avril 2019 lorsque le monde entier, je dis bien le monde, restait stupéfait devant la cathédrale Notre-Dame en proie aux flammes.
Le feu nous inspire tous, et celui de Notre-Dame a inspiré le maître Jean-Jacques Annaud, à qui je rends largement hommage dans ce numéro avec la sortie, en ce mois de mars, de son film Notre-Dame brûle.
Je rends hommage à l’ingénieux cinéaste et à son incommensurable talent, certes. Mais je rends aussi hommage au cinéma français pour avoir enfin fait un film sur les pompiers. Notre corporation reste indéniablement le parent pauvre du septième art, tant il est vrai que nos vies qui n’ont rien à envier à nos collègues des forces de l’ordre et laissent désespérément plat l’électrocardiogramme des réalisateurs de cinéma. Alors que les intrigues policières, elles, remportent le palmarès haut la main. Est-ce à dire que nous sommes moins intéressants ? Moins passionnants ? Moins sombres ? On pourrait le penser…
Peut-être qu’il faut un peu plus d’imagination et, surtout, se rapprocher davantage de nos casernes et de nos pompiers pour comprendre leur travail au quotidien. Leurs joies, leurs peines. Eh bien, monsieur Annaud l’a fait. Dès l’idée de faire ce film retraçant les 24 h qui débutent vers 18 h, le 15 avril 2019, jusqu’à la fin du tournage, le réalisateur et ses équipes ont consulté ceux qui étaient au cœur de ce drame : les pompiers eux-mêmes. Vous le lirez dans le sujet qui lui est consacré, il a écouté et parlé avec ces jeunes soldats du feu qui ont vécu l’enfer pour tenter de sauver de pierres millénaires. Le résultat est bluffant !
Notamment la scène de la chute de la flèche chère à Viollet-Le-Duc, entièrement reconstituée avec du vrai feu, laisse pantois. Je ne vais pas spoiler le film, rassurez-vous.
Mais allez le voir. Car l’histoire de ceux qui étaient engagés ce jour-là le vaut bien.
Pour eux, pour tous ceux qui se lèvent la nuit pour aller dans la direction opposée des gens qu’ils viennent secourir. Pour tous les pompiers de Paris qui sont aussi des sapeurs-pompiers de France ! Et qui peut le dire, sinon moi ? Je parle d’ailleurs sans ambages, car d’aucuns le savent peut-être, mais sur les 40 ans de sapeur-pompier que je comptabilise aujourd’hui, 18 d’entre eux (et ce chiffre n’est pas un hasard), je les ai consacrés à la défense de la capitale en tant que sapeur-pompier de Paris !