l y a quelques années à peine, un édifice religieux de renom, et non des moindres, partait en fumée au bord de la Seine. Cet incendie spectaculaire et dangereux pour les primo-intervenants, qui se sont engagés dès les premières heures du sinistre dans les escaliers de pierre et je salue ici mes camarades de la BSPP où j’ai eu l’honneur de servir pendant dix-huit ans, a été d’abord et avant tout un événement médiatique. Vu et regardé en direct par des milliards de nos congénères partageant la même planète, tous ont frémi lors de l’effondrement de la charpente, et pis encore, la planète entière a retenu son souffle lorsque la flèche de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc s’est écroulée.
Certes, c’est une sale histoire pour notre histoire. Pour la religion catholique aussi. Pour les Parisiens un peu. Pour beaucoup ce fut une crise ; une crise majeure même.
Mais pour d’autres, les professionnels de l’incendie, ce fut ce que nous nommons un impossible opérationnel, prévisible et quasi inévitable. Si toutefois on mesure l’enjeu et l’occurrence.
Ce genre d’édifice, et Dieu sait si nous en avons par dizaines dans notre pays, est en cas d’incendie difficilement défendable. Sa conception d’abord, son architecture, son envergure voire sa hauteur, les matériaux utilisés, son emplacement… sont autant de facteurs qui compliquent la tâche des secours. Mais le sapeur-pompier de France, depuis toujours, n’a jamais baissé les bras devant un problème, fut-il aux yeux du commun des mortels, insurmontable.
De tout temps et en tous lieux, il a toujours analysé ce qui s’était passé pour pouvoir mieux réagir en cas de récidive. Et c’est le cas aujourd’hui avec le « projet Notre-Dame ».
Ce projet piloté par mon éminent collègue, le colonel (ER) Philippe Moineau, va accompagner pendant trois ans d’une part la construction d’une base de données des incendies dans les bâtiments à caractère patrimonial, ce qui permettra de cibler les mesures de prévention et de prévision à mettre en place, et d’autre part la réalisation d’études et de recherches sur les outils destinés à la protection des œuvres patrimoniales en cas d’incendie.
Autour du colonel Moineau, plusieurs Sdis déjà au fait de cette problématique participent activement au projet, et je ne citerai ici que le Sdis de l’Oise qui avec 623 monuments classés ou inscrits au titre de monuments historiques, 50 musées et plus de 100 châteaux dont celui de Chantilly qui abrite la deuxième plus grande collection de peintures après le Louvre, a déjà une solide expérience dans la préservation des œuvres en cas d’incendie.
Ce projet arrive donc à point nommé et les sapeurs-pompiers de ce pays, qui se remettent encore et toujours en question, pourront bientôt apporter la réponse opérationnelle nécessaire pour enrayer ce genre de sinistre.
Il sera alors revenu, le temps des cathédrales.