L’année touche à sa fin et, avec elle, de nombreux constats. Certains, au sujet d’un été qui a dépassé les pronostics les plus pessimistes, sont troublants. Si toutes les calamités entraînent de fait leur lot de réponses opérationnelles –et croyez-moi, elles viennent toujours du même côté, celui de la Sécurité civile en général et des sapeurs-pompiers de France en particulier –, certaines laissent un goût amer. Je vais évoquer, dans ces lignes, les catastrophes naturelles qui ont touché les forêts de pins maritimes de Gironde. Non parce que c’était les plus importants, même si c’était le cas, mais parce que j’aimerais mettre en exergue une de nos spécialités nationales. Vous l’aurez deviné, cette spécialité franco-française, c’est celle de « refaire le match ». Vous voyez ce que je veux dire ? « On y était pas, mais on sait. On a rien fait, mais nous, on aurait fait comme ça… » Il est en effet commode de juger une fois le match terminé, ce qui aurait dû être fait pour plus d’efficacité. Cela a un nom dans notre corporation : le retex.
Le retex se veut d’abord empli d’humilité, et fort d’une observation et d’un constat que seuls ceux qui ont mené la guerre peuvent et doivent en déterminer les axes d’amélioration. Fussent-ils difficiles à entendre. Cela s’appelle aussi de la co-construction.
Juger ses pairs sur « ce qu’ils auraient dû faire », voire, pire, s’accaparer la victoire une fois la guerre finie, est tout bonnement insupportable ! Ami, entends-tu cette voix de ceux qui savent ? Cette voix parle et parlera toujours avec une certitude déconcertante, souvent reprise par nos médias locaux puis les nationaux qui, par manque de temps désormais pour vérifier leurs sources, se dépêchent de publier. Ces propos repris par tous les canaux embrouillent nos concitoyens. Les font douter. Mais surtout, ils blessent au plus profond de leur âme celles et ceux qui se sont esquintés la santé cet été à La Teste-de-Buch ou à Landiras. Qu’ils soient girondins ou venus de toute la France en colonne de renfort.
Ces feux en Gironde, je le rappelle, n’ont souffert d’aucune perte humaine. N’est-ce pas là la mission première des soldats du feu ? Si je ne me fourvoie pas, la guerre a donc été gagnée haut la main. Il est donc déplorable que d’aucuns écrivent la victoire une fois qu’elle est acquise, et que d’autres s’amusent à réécrire l’histoire à la mode de chez eux… L’heure est grave, et davantage à l’humilité et aux questionnements. Car cela ouvrira de vraies perspectives pour continuer à se battre contre les feux, comme nous le faisons maintenant depuis des décennies, avec abnégation et courage.
J’apporte ici tout mon soutien, le plus sincère et le plus chaleureux, aux sapeurs-pompiers de Gironde et aux sapeurs-pompiers des soixante Sdis venus se battre, cet été, dans le Sud-Ouest.
Soyez fort et regardez devant vous !